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Occupy Hollywood

décembre 1, 2011

Qui sont les gentils et qui sont les méchants ? C’est le boulot d’Hollywood que de nous le dire. A travers les années les méchants ont été : les allemands, les russes, les arabes, les français, les extra-terrestres, les geeks, le gouvernement américain, l’armée américaine… Et es gentils ont été l’armée américaine, le gouvernement américain, les ET, les enfants… La dernière fois que j’ai regardé, le nouveau héros qui cartonnait était le chef d’entreprise visionnaire, modelé sur Steve Jobs : Iron Man joué par Robert Downey Jr.

Et puis le marché de l’immobilier américain s’est effondré et Hollywood a laissé tomber tous ses projets de films sur des super capitalistes. Des commerciaux en charge du « développement » dans les grands studios hollywoodiens ont présenté des projets de films dans des powerpoints plein de cliparts comme ça…

… Et deux ans après, on se retrouve avec des films hollywoodiens comme « Le Casse de Central Park » (tagline française : la comédie anti-crise ») et « Time Out » où les méchants sont les riches capitalistes américains. Les 1%. Et les films racontent l’histoire de pauvres travailleurs qui tentent de prendre leur revanche sur le système.

Le fait que les poducteurs d’Hollywood font parti des 1% ne les empêche pas de produire ces films qui font d’eux les méchants de l’histoire : s’il y avait de l’argent à se faire avec des films où leurs mamans étaient les méchantes, ils donnerait le feu vert sans hésiter un instant.

Parlons un peu d’autre chose maintenant.

Si on compare Occupy Wall Street et le mouvement des indignés aux manifestations alter-mondialistes guerrière des années 1990-2000, la transformation est saisissante. Ils n’ont pas de revendication collective claire, pas d’affiliation politique, et leur rhétorique ne se veut pas clivante : s’ils représentent les « 99% », ça doit forcément inclure les petits bourgeois, les religieux, les républicains et tous ces gens qu’ils détestent. Leur plus grand succès aura été ce mème de 99% qui dit « nous sommes tous dans le même bateau ».

A chacun ensuite d’interpréter cette idée comme il veut. C’est un peu la logique du mème internet appliqué à la contestation (d’ailleurs leur plus gros coup de com’ est justement un Tumblr). Le mouvement est du coup très populaire aux états-unis, plus qu’aucun mouvement de contestation gauchiste ne l’a jamais été, et on se retrouve avec des choses comme ça, le dernier clip officiel de Miley Cyrus, ex-starlette Disney, qui met des images des affrontements avec la police sur sa chanson « Liberty Walk » :

Pour en revenir à Hollywood, il est évident qu’un film hollywoodien avec Justin Timberlake et Olivia Wilde qui jouent des pauvres ne peut pas vraiment être crédible. Time Out, comme le Casse de Central Park et tous les futurs films  hollywoodiens inspirés par la crise sont bien sûr incapables d’une véritable critique du capitalisme. Tout comme il est très difficile de faire un film anti-guerre en filmant la guerre, parce que c’est beaucoup trop pleins de moments sexy, héroïque et spectaculaire, il est difficile, surtout pour un réalisateur oeuvrant pour les studios hollywoodiens, de ne pas fétichiser le luxe et la richesse. L’inégalité, c’est glamour.

Il en va de même pour la vidéo de Miley Cyrus : il ne s’agit pas d’un revirement à 180° de son discours. Ces films Disney dans lesquels elle s’est fait connaitre disent tous la même chose : les jeunes sont cools et veulent s’amuser et les parents sont des has been qui les empêchent de s’exprimer, alors les jeunes se rebellent, font des bêtises, mais à la fin chacun fait un pas vers l’autre, les parents comprennent les enfants et les laissent voler de leurs propres ailes… C’est l’histoire capitaliste du jeune qui prend la place du vieux, d’Apple qui double Microsoft qui avait doublé IBM. Le mouvement d’Occupy Wall Street ferait simplement partie du cycle capitaliste, au bout du compte, un processus de réajustement qui mettra les manifestatants d’aujourd’hui à la place des 1% demain.

C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel, c’est la nature, les mecs, vous ne pouvez pas y échapper.

La génération d’activistes hipsters d’Occupy Wall Street n’est pas naïve. Ils savaient dès le début que la récupération était inévitable, alors ils l’ont encouragé, en tentant de devenir un mème, plutôt que de vainement la combattre. L’idée de « 99% » a fait son chemin dans la conscience collective et face aux virus mentaux lancés par le tea party en face, c’est peut-être la meilleure arme.

Appelez ça un manque d’imagination ou de la résignation, mais Occupy Wall Street n’est sans doute pas tellement plus anti-capitaliste que Miley Cyrus et qu’un film avec Ben Stiller. Deal With It.
haters gonna hate

4 commentaires leave one →
  1. décembre 1, 2011 15:26

    Le meilleur des 99% c’est les fake réponses du 1% :

    ou encore elle, qui fait surement plutôt partie du top 99% :

    Mais comme tu le soulignes, ils n’ont pas de revendication précise, ils sont juste mécontents. Les méchants que tu cherches à identifier au début de l’article sont en fait ceux qui votent encore, donnant une légitimité au 1%. Lorsque 100% des 99% ne votera plus, on commencera à rédiger des cahiers de doléances (enfin des twittpétitions 2.0 quoi).

    Oh et une dernière chose : tout est relatif.

  2. décembre 2, 2011 01:04

    Le mouvement Occupy et ses 99% seront toujours beaucoup trop « law compliant » pour etre pris au serieux par le grand public : strict respect des consignes de la police, interdiction d’utiliser un megaphone (essayez d’interdire ca dans une manif en France), evacuation des camps sans forte resistance… Apres difficile de leur en vouloir, il y a au moins autant de forces policiere que de contestataires. Resultat la plupart des sites occupes sont en cours d’evacuation ou l’ont deja ete (Atlanta et LA derniers en date). L’enorme ecart de richesse entre les classes aux Etats-Unis est une bonne etincelle de depart et Internet la caisse de resonance ideale… Mais la plupart des personnes vraiment concerne par le probleme sont trop occupe a survivre en travaillant la ou ils le peuvent encore, et les autres ont finalement trop a perdre si le systeme disparaissait completement (d’ou la volonte de le changer de facon pacifique). Quoi qu’on en dise le reve americain existe toujours. Et je crois que je me suis perdu dans mon propre raisonnement, mais tout ca pour dire : wouhou un nouvel article sur boumbox !

  3. décembre 2, 2011 22:55

    Les méchants, c’est les païens.

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