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Tout est buzz

décembre 7, 2010

Aujourd’hui on appelle ça le bad buzz, parce que c’est court et c’est moche. Avant on avait toute une phrase en français « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi! » (internet me dit que c’est de Léon Zitrone, wesh) et en anglais « There’s no such thing as bad publicity » qui décrivaient ce que les agences de pub d’aujourd’hui essayent de faire passer comme une des ces nouvelles lois bizarres de l’internet. En anglais, on dit aussi « Succès de scandale » parce que les anglais, les expression francophone-mais-pas-ou-plus-vraiment-françaises comme « Cause célèbre », ils kiffent.

Ca fait longtemps que ce n’est même plus contre-intuitif : toute la génération Y a bien intégré ce qui est un des principes de base du trolling. Quand les réseaux sociaux vous permettent de quantifier précisément votre popularité, vous comprenez vite qu’être gentil et ne pas faire de vague est le meilleur moyen pour qu’on vous oublie.

daltonien

C’est d’autant plus vrai dans un monde régit pas des algorithmes rigides. La semaine dernière le New York Times racontait comment le site decormyeyes.com a trouvé un business model viable en insultant et en menaçant ses clients. Le webmaster moitié russe moitié fou de ce site commande sur eBay des lunettes qui correspondent à peu près aux modèles de marque qu’on lui commande puis il harcèle les clients qui se plaignent d’avoir reçu un objet de contrefaçon, ou une poêle à frire, ou rien du tout.

Ensuite, il redirige les clients vers des sites de consommateurs respectables où ils sont des centaines à dénoncer ses agissements, en postant un lien vers sont site au milieu de mots comme « discount Christian Audigier glasses ». Decormyeyes.com est donc très bien référencé, et mis à part le petit procès occasionnel, le business marche plutôt bien.

cette photo n'a rien à voir avec rien

Vous n’avez pas les cojones pour un vrai bon bad buzz à base de harcèlement ? Vendez le silent buzz à vos clients.

Un blogueur raconte comment, tel un Fox Mulder des temps post modernes, il a découvert un énorme site de rencontres totalement inconnu mais très profitable. Leur seul outil de communication : des pancartes façon agence immobilière plantées sur toutes les pelouses d’une petite ville ou d’un quartier, qui renvoient vers un micro site « singlesploucville.com » ou « 5thavenuedating.org ».

Chaque micro-site laisse miroiter aux célibataires la possibilité de trouver l’amour au pas de leur porte sur un site vraiment dédié. L’inscription passée, ils se retrouvent pourtant sur un énorme site national façon meetic : ces sites de rencontre achètent en fait des clients à des fournisseurs comme les pancarteurs, qui génèrent plusieurs micro-sites et campagnes de pancartes chaque jour.

Personne ne les connait mais ils génèrent plusieur millions chaque année.

Si vous êtes malins, faites croire que ce non buzz est ce que vous recherchez. Achetez quelques billets sponsorisés aux blogueurs putes de services et vous aurez tout ce que vous voudrez. Quand vous montrerez à votre client les beaux billets « machin.com invente le silent marketing » ou « L’anti-buzz de bidule.fr, une stratégie payante ? », il sera aux anges.

C’est qu’il ne faut pas oublier que le buzz, c’est avant tout une invention de pubards pour faire croire à leurs clients qu’on parle d’eux. Mais où parle-t-on d’eux ? Sur Twitter, entre community managers, graphistes, planneurs, créas et ceux qui veulent leur prendre leur job. Ils tweetent cinquante fois par jour, il leur faut bien de la matière. L’actu politique, le nouveau mini-site de Pampers, la neige à la fenêtre : tout est buzz, tout le temps.

J’ai appris au moins un truc depuis que je suis en agence de pub : l’important, ce n’est pas de faire les choses bien, l’important, c’est de bien les vendre. Le type qui signe les chèques n’est pas celui qui vérifiera les chiffres en détails. Il ne verra que le beau ruban, peu importe si vous l’avez mis autour d’un gros caca.

8 commentaires leave one →
  1. Baleine des sables permalink
    décembre 7, 2010 12:39

    Du coup, si tout est buzz, rien n’est buzz :p

    Je sais que le principe énoncé par Zitrone existe et fonctionne (sigh) soit-disant parce que la notoriété persiste plus que le bad buzz, qui sera oublié. Mais de mon point de vue, les bad buzz sur du commercial me feront toujours plus moquer/rejeter qu’adhérer (et ranger dans la case « ignorer »). Je suis un client rancunier et je pense que l’état de concurrence actuel permet aux consommateurs de ne pas pardonner les écarts de conduite des marques.

    Quant à la conclusion, ça me parait douteux car les marques cherchent toutes à fidéliser les clients. Et si on me vend de la merde enrubannée, on ne me reverra jamais.

    Ceci n’est que mon avis personnel de connard de financier qui ne connait rien au marketing (mais j’suis un consommateur quand même !).

    • 2goldfish permalink
      décembre 7, 2010 13:50

      J’imagine que ça ne marche pas avec tout le monde… J’ai surtout bossé avec des marques de luxe ou sur des projets culturels, où les égos sont plus important que les chiffres.

  2. Seb permalink
    décembre 7, 2010 13:56

    @Baleine des sables

    Ils te vendront juste une merde d’une autre couleur…
    Enfin si tu as pris le tps de lire cet article, tu n’es pas une cible prioritaire pour les marketeurs :)

    Envoi Prout! si toi aussi tu veux un prout dans ton portable pour 5€

    • Baleine des sables permalink
      décembre 7, 2010 16:20

      J’l’avais pas compris comme ça (que je suis pas une cible prio). T’as surement raison.
      Mais du coup qu’est-ce que tu mets dans la cible prioritaire ? Les hillbilly qui mangent des chips devant la télé ? Même si c’est probablement ça, je pense qu’il y a tout de même de plus en plus de gens qui recherchent l’information par eux-mêmes, qui ne se laissent pas guider béatement par la publicité. Les utilisateurs d’internet sont censés avoir accès à une information plus transparente et débattue que le dogme télévisuel non ? J’ai du mal à croire qu’il n’y ait pas plus de gens autonomes dans leur démarche de consommation. Mais je délire peut-être.
      Et on les cible comment les gens comme moi d’ailleurs ? Ou alors je suis une cible et tu m’as fait croire que je ne l’étais pas ! Psychologie inversée ? Paranoïa israëlite ? :x

      • Smorfelt permalink
        décembre 7, 2010 16:38

        Il suffit de comprendre comment tu vas chercher ton information et y mettre les siennes.
        Par exemple, si tu utilise un moteur de recherche en tapant « hifi géniale pas cher », il suffit au vendeur d’acheter les premiers résultats, ou de mettre son produit sur les liens à droite (qu’on ne croit pas voir) et/ou mettre de la pub sur les sites que tu vas clicker.

  3. décembre 7, 2010 15:52

    « Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont. »

    – Les publicitaires – Les Inconnus.

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