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Les chômeurs du futur

avril 15, 2011

Il y a un cliché de la science fiction qui m’a toujours particulièrement gêné. Je me rappelle l’avoir vu dans un bouquins de William Gibson, dans Futurama et dans un tas d’autres trucs moins mémorables mais l’exemple le plus récent et parfait se trouve dans Wall-E : dans le futur, les êtres humains sont devenus d’obèses machines à consommer de l’entertainment et de la junk food 24 heures sur 24. C’est le genre d’extrapolation assez basique que même ma mère pouvait faire dès les années 1990 et je me suis toujours dit que si je détestais en particulier ce cliché, c’est parce qu’il me rappellait les injonctions maternelles de lâcher ma Super Nintendo et d’aller jouer dehors.

Je me suis cependant rendu compte qu’au fond de mon malaise, il n’y a pas que ma mère, il y a aussi un relent de conservatisme assez puant qui stigmatise une population qui n’en n’a pas besoin. Parce qu’après tout, avec leurs gros ventres pleins de plateaux télé, avec leurs journées passées dans l’inactivité la plus complète et avec leurs survets à ceinture élastique du futur, à quoi ces hommes de demain ressemblent plus qu’à des chômeurs d’aujourd’hui ?

wall-e

Une des rares vérités immuables de la science économique, c’est que le business du sexe est toujours en avance sur les autres. Je ne crois pas me rappeller l’avoir vu sur la pyramide de Maslow mais il est évident que tout surplus économique sera avant tout dépensé pour le sexe. En ce sens, donc, il n’est pas étonnant de voir l’économie mondiale ressembler de plus en plus à celle du pron.

Aujourd’hui, l’industrie est en crise : les « tubes sites », qui ne s’appellent pas comme ça parce qu’il se spécialisent dans la coloscopie érotique, mettent tous les vieux de la vieille sur la paille en offrant des heures de pron gratuitement et souvent illégalement. Désormais, les rois du pron ressemblent plus à Jessie Eisenberg dans The Social Network qu’à Burt Reynolds dans Boogie Nights. La plupart des utilisateurs ne payent pas pour leur pron, ils se contentent de regarder les vidéos qui les intéressent et de fermer les pop up et quand ils cliquent sur une des bannières par mégarde et qu’ils se retrouvent sur un autre site gratuit et plein de bannières, il se demandent peut-être parfois qui paye pour tout ça au final.

On aurait du mal à le chiffrer mais on sait que pour chaque acte d’achat, il y a au bas mot des dizaines de pubs visionnées.

Il y a quelques semaines, j’étais sur le site d’un magazine financé à 100% par la pub. J’étais là pour écouter le nouveau single de Justice, qui était en exclusivité dans une publicité Adidas. J’ai pu la regarder après une publicité vidéo en pré-roll. Une pub insérée avant une pub. Dans le métro en bas de chez moi il y avait de grandes affiches pour Chrome, un navigateur gratuit financé par les infos qu’il récolte sur moi et qui sont revendus à des annonceurs, qui achèteront peut-être des espaces au milieu du programme de TF1 pour lequel l’affiche 4 par 3 visible à ma fenêtre m’invite à rendre mon cerveau disponible.

Au final, ma vie ressemble à un tunnel de pop up porno, et je vais peut-être regarder la télé, sûrement utiliser des produits de Google mais au final, dans tout ça, le seul truc que je pourrais acheter c’est une paire d’Adidas mais elles sont trop moches. L’acte d’achat devient marginal, les multinationales deviennent des voyeurs, qui épient nos moindres mouvements par pur plaisir : c’est ce qu’on appelle l’économie de l’attention.

George Costanza Unemployed

Qui est plus riche en attention disponible si ce n’est le chômeur ?

Les chômeurs sont l’aristocratie du futur et c’est ça qui fait peur aux scénaristes de Wall-E et à tous les autres. Ils ont cette idée dans la tête que les chômeurs sont des fainéants, des bons à rien qui préfèrent traîner toute la journée en survêtement devant la télé plutôt que de se bouger et de trouver un job. Ils préfèrent penser ça que de se dire que les chômeurs sont les produits du système pour lequel ils travaillent tous les jours et que c’est leur travail lui même qui les empêchera bientôt de rejoindre cette nouvelle caste des rois.

8 commentaires leave one →
  1. jefaislecake permalink
    avril 15, 2011 10:46

    Trop bien ce billet, mais je suis surpris de ne pas y voir de référence à Idiocracy qui pousse ce raisonnement jusqu’au bout! Bon j’me casse j’vais matter des pubs et du porn…

    • 2goldfish permalink
      avril 15, 2011 11:11

      Merci. Pour tout dire, je n’ai jamais vu Idiocracy, mais je connais le pitch et il m’embête un peu aussi. Mais je devrais le regarder avant de juger.

  2. Marmitte permalink
    avril 15, 2011 13:39

    Très bon, as souvent usual

  3. avril 15, 2011 17:21

    maintenant on peut arrondir son RMI en surveillant les supermarchés sur internet
    Je sait plus ou j’ai vu ça, mais ça colle a l’idée général de ton article non ?

    pas de zéro pour pron ? les valeurs se perdes

  4. bobby permalink
    avril 16, 2011 02:15

    je te conseil pas de regardé idiocrazy, car dans le genre film idiot justement il est en tête, et je pense pas que ca soit particulièrement fait exprès.

  5. joe permalink
    Mai 5, 2011 08:57

    Le propos de l’article est assez incohérent, ça passe du coq à l’âne. La seule chose que l’on apprend, indirectement, ce que l’auteur est un geek à la surcharge pondérale conséquente et aux obsessions de beaufs 2.0 (sous-culture – le porno, Justice – et régression – le geek qui n’a pas dépassé le stade « maman veut pas que je joue à la supernes plutôt que de m’intéresser au fille » comme complexe fondamental). Pourquoi ne pas écrire sur des choses intéressantes ?

    Finalement l’auteur prouve par là que les scénaristes de Wall-E ont raison de s’inquiéter quand on voit ce genre de blog.

    • 2goldfish permalink
      Mai 5, 2011 10:38

      Je ne suis pas certain d’avoir compris… Tu dis tout ça comme si c’était de mauvaises choses !

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