Vie et mort d’AnonPlus
AnonPlus est déjà mort, semble-t-il. Ce n’était pas la pire idée d’Anonymous, mais pas loin. En fait, ce n’était pas une idée d’Anonymous. Enfin, it’s complicated, tu vois. Anonymous est un peu un gros bordel et tout un tas de gens a tout un tas d’idée sur ce qu’est Anonymous et sur quelle devrait être sa mission. Moi même j’en ai une, et si j’ai le temps je vous écrirai un article dessus. En tout cas je vais mettre plein de guillemets comme il faut dès qu’on parle d’un sujet aussi touchy.
Résumons l’affaire pour les deux du fond et Mme Michu. « Quelqu’un quelque part » a décidé de créer un compte « Your Anon news » sur Google+. Ce compte a été fermé par Google pour violation des conditions d’utilisation, ce qui peut vouloir dire tout un tas de choses et Google se garde bien de préciser exactement laquelle. Le simple fait d’utiliser un pseudo est interdit sur Google+, un prétexte bien utile pour virer sommairement les comptes problématiques.
« Quelqu’un quelque part » a ensuite créé AnonPlus.com, un site annonçant un futur réseau social pour les anons où ils n’auraient pas à avoir peur de la censure du grand méchant « gouvernement mondial ». Cette annonce s’accompagnait d’un appel aux développeurs lancé sur les forums de Presstorm.
C’est important d’écrire « quelqu’un quelque part » pour ne pas faire comme la plupart des médias qui ont relayé cette histoire en faisant comme si Anonymous était un « groupe de hackers » organisé et hiérarchisé comme une armée. Le concept de base d’Anonymous, c’est pourtant tout sauf ça. Anonymous est une idée, ou même pas : c’est plutôt un masque. N’importe qui peut se cacher derrière ce masque pour faire n’importe quoi, et rien ne dit que le créateur du compte Google+ ait un lien direct avec le créateur d’AnonPlus.com ni qu’aucun d’eux ait la moindre notion de hacking.
Le truc c’est que même les créateurs d’AnonPlus n’avaient pas vraiment compris la nature d’Anonymous. Ca ou bien ils n’ont pas vraiment compris la nature des réseaux sociaux. Ils ont commis une erreur courante, que je vais essayer de vous expliquer avec des images. Quand on tape « Social Network » dans Google Image, on tombe assez vite sur une illustration de ce genre :
Ca ressemble à une structure complexe, flexible et décentralisée, du genre qu’on peut utiliser pour mener une guérilla. Ca ressemble à internet. Mais c’est une vision erronée. J’ai dépoussiéré mon Photoshop pour vous faire une illustration un peu plus réaliste des réseaux sociaux, et ça donne plutôt ça :
Des relations de différents types, de différentes intensités et surtout, des personnes d’importance variable. Certaines sont plus connectées, forment des hubs, et d’autres le sont moins et leur voix compte donc moins. C’est le cauchemar de la Quadrature du Net, un réseau pas neutre du tout. Ca ne correspond pas vraiment au fonctionnement d’Anonymous, mais le pire n’est pas là.
Le premier problème pour Anonymous, c’est que dans un réseau social, les nodes (aka les points de connection) sont des personnalités. Ca ne colle pas vraiment avec réseau d’anonymes, sans nom ni visage ni personnalité. Même un réseau décentralisé comme le mort-né Diaspora a besoin de nodes.
Dans un réseau, il y a des nodes, et il y a des connexions. Genre, des vraies connexions, en dur, c’est pour ça que je ne les ai pas faites en pointillé (et pas seulement parce que je sais pas faire les pointillés). Anonymous fonctionne parce que la plupart de ses « membres » ne se connaissent pas. Si l’un d’eux tombe, il n’entraîne pas les autres avec lui. Bref, AnonPlus aurait besoin d’être un réseau social sans nodes ni connexion. Du vent, quoi.
En fait le principe d’un Facebook ou d’un Google+, c’est de dresser une cartographie (on dit un « graphe » pour faire cool) des relations de ses membres puis de le vendre au plus offrant. C’est en tout cas ce qu’ils font tous, et si personne chez AnonPlus n’oserait vendre le réseau aux autorités, elles n’auraient sans doute aucun mal à l’infiltrer et à se servir elles mêmes.
Alors que certains publient encore leurs articles sur « le groupe de hackers » qui va « créer son réseau social », les « anons » qui ont créé Anonplus.com ont l’air de s’être rendu compte de tout ça assez vite. Un message sur leur site explique que ses créateurs ont subi des pressions d’Anonymous, le groupe dont ils étaient sensés faire partie, et qu’ils se désolidarisent du groupe pour développer je ne sais trop quoi. On dirait une espèce de bourse à l’énergie verte basée sur une monnaie alternative, le tout décoré d’une rhétorique crypto-anarcho-conspirationiste et écrit dans un anglais plein de fotes.
En fait, le mieux pour l’organisation d’Anonymous, ce serait une sorte de réseau désorganisé, anonyme et sans mémoire, où les nodes et les connexions sont éphémères mais qui leur offrirait un porte voix gigantesque et la possibilité de propager leur message partout sur le web de manière virale. Ce qu’il leur faudrait, ils l’ont déjà, ça s’appelle /b/.
Briliant. I’ve just jizzed in my pants when reading this.
Ce qui leur faudrait aussi c’est arrêter de nous casser les couilles avec ce film de merde qu’est V pour Vendetta. #troll
Plus sérieusement, je trouve que cette idée d’Anonplus prolonge vraiment le coté ado du mouvement, qui consiste notamment à balancer des « We are Anonymous. We are Legion. We do not forgive. We do not forget. Expect us. » partout et des « rule 1& 2 » dès qu’un type parle de /b/.
En fait non, je retire le tag troll de ma première phrase. Ce qui me fait chier avec anonymous c’est la glorification d’une pensée « V pour Vendetta »/ »Fight Club », sulfureuse comme un ado qui va à MacDo pour faire chier ses parents. Ces malades mentaux prêt à faire des DoS tellement c’est des H4X0R. Voire à lâcher des coms.
J’abonde fort.
Oui d’accord ça devient n’importe quoi et puis peut connaissent /b/ au final.
T’es balèze en photoshop ! :O
Pour mon anniv’ j’ai eu une tablette graphique modèle enfant #truestory
Une ardoise magique quoi.
Elle est ou la poulette ?