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Heil Community Manager

novembre 19, 2010

Vous pardonnerez je l’espère ce détour loin des sujets jeunes et funs : je vais devoir parler boulot. Il parait qu’en tant que community manager, mon blog c’est mon CV (et mon nombre de followers sur Twitter aussi). On me dit que les temps, ils courent, et je ne peux plus me permettre de ne parler que de plans skets et de Justin Bieber. Je tiens donc à orienter tout potentiel employeur vers ce billet dans lequel je montre ma maitrise avancées du logiciel Powerpoint ainsi qu’a mes nombreuses « insights » dans le domaine du management.

Le plus important cependant, en tant que community manager, c’est semble-t-il de montrer sa capacité à improviser une métaphore filée sur son boulot. Chez les champions de Mycommunitymanager, par exemple, le community manager est un oeuf. Un oeuf, oui, mais pas n’importe lequel : dans la douzaine il se détache, parce qu’il est en or. Et puis aussi, il y a deux pièces de puzzle… enchaînées ? Et un chef d’orchestre en clipart. Bienvenue dans le #2.0# !

Ces trois éléments épellent un mot : WIN. Pour le bien de mon personal branding, je dois trouver le même genre de métaphore efficace. Je dois imposer MA vision du community management. Du community management 2.0, parce qu’il est grand temps que les vieux qui font ce taff depuis dix ans prennent leur retraite.

Le community manager « vieille génération » est au sein de sa communauté, comme un relai entre les membres de celle ci et ceux qui payent son salaire. C’est un peu le type qui voit la force de la communauté, qui l’écoute, qui croit qu’elle a quelque chose à dire sur son propre sort. Bref, c’est une espèce de vieux gauchiste limite coco. Depuis trop longtemps le web est infesté de cette engeance des idéaux dépassés des années 00 qu’il faut enterrer avec tous les idéaux fumeux de cette époque révolue : la neutralité du net, le peer to peer, Wikipedia, Wikileaks et tous ces archaïsmes.

Les communautés peuvent être manipulées. Disons le : elles doivent faire ce qu’on veut qu’elles fassent, parce que si on se met à écouter leurs idées, elles finiront par nous prendre nos jobs. Le community manager 1.0 parlait d’early adapters, d’intelligence de la foule. Le community manager 2.0 parle d’influenceurs, de « one-to-many », de « golden eggs ». Il n’est pas un simple relai : c’est un meneur. Il a une place de leader dans sa communauté. C’est un Community Führer.

Les early adopters, ces « membres clés » de la communauté, sont les SA : très utiles au début, ils finiront par devoir être sacrifiés. C’est tout le problème des old fags et des new fags sur 4chan. Ce sont eux qui vous aideront à l’emporter sur les communistes (toutes les autres communautés) mais leur indépendance et leur sens de la propriété de la communauté les rendra gênants à long terme.

Les influenceurs, qu’ils soient blogueurs, twittos ou simples trolls au sein de votre communauté, sont les SS du community Führer. Ils prennent de plus en plus d’importance au sein de la communauté, ils ont des idées très arrêtées sur ce qu’elle doit être et ces idées clashent avec celles des early adopters. Ces simplets, qui imposent leurs idées avec d’autant plus de violence qu’elles sont étroites, sont plus utiles au Community Führer qui a besoin de mener une communauté menée par quelques idées simples : Une plate forme. Une communauté. Un Führer.

Pas besoin de quelque chose d’aussi violent que la nuit des longs couteaux : vos SA s’enfuiront simplement devant la puissance de trolling des SS.

Avec ces influenceurs, le Führer pourra mener son programme d’extension sur le web. Il annexera des réseaux sociaux de plus en plus nombreux : Facebook, Twitter, Youtube. Il fera tomber un à un Tumblr et tous les autres. Sa communauté sera partout jusqu’à ce que… Personne n’est encore arrivé jusque là, vraiment. Je ne vais pas dévoiler tous les secrets de ma stratégie tout de suite mais que mes potentiels futurs employeurs se rassurent : j’ai déjà à l’esprit une solution. Pour la fin.

Moot, on pourrait croire qu’il est le Führer de 4chan. En fait, c’est probablement plus un Lénine : le web attend toujours son vrai Führer. En tout cas Moot n’est pas loin d’avoir conquis le web. Alors qu’est-ce qu’il va faire ? Il va créer un nouveau truc, appelé canv.as dont personne ne sait trop ce que c’est mais qui, on le soupçonne, a pour but d’enfin lui rapporter un peu d’argent. Parce que bon le communisme c’est bien joli comme idée mais ça ne nourrit pas son homme.

32 commentaires leave one →
  1. novembre 19, 2010 11:30

    Très bon, très violent, j’adore l’image de hipsterhitler

  2. Baleine des sables permalink
    novembre 19, 2010 11:53

    Sehr gut!
    Le totalitarisme, y’a que ça de vrai.

  3. Farissou permalink
    novembre 19, 2010 12:13

    J’en étais sûr qu’un jour, HipsterHitler allait avoir sa place sur Boum Box

  4. jeanb permalink
    novembre 19, 2010 15:01

    j’ai beaucoup apprécié la lecture de ce billet

  5. ­­­ permalink
    novembre 19, 2010 15:37

    Wann wird Ihr Buch veröffentlicht sein? Ich will Es vorbestellen!
    Anregung Titel: « Mein Netzwerk ».

  6. Laura permalink
    novembre 19, 2010 18:33

    Cet article est tout simplement une grosse honte!!!!
    Soit pas fier de toi Cedric ! tu as pondu une vraie merde!!

  7. Sarah permalink
    novembre 19, 2010 19:11

    Je me demande comment on peut écrire une aussi grosse merde ! Ferme ton blog mec ça vaut mieux

    • Fan de Lorie permalink
      novembre 22, 2010 22:04

      Ouais, on t’a retrouvé 2goldfish ! Tu vas payer grave !

  8. novembre 19, 2010 20:11

    Hint :
    Ton toshop pique les yeux.
    Retire le point Godwin visuel.
    L’article passera mieux.

    Nononon ! Moot est clairement dépassé par la base.
    C’est plutôt un Bernard Thibault du Web.
    Comme nous tous.

  9. novembre 19, 2010 21:25

    Mouais, comparer les Nazis à des Community Manager. Facile. De plus ca confirmerai vraiment que l’Armée Française en 40 n’était vraiment pas au niveau

  10. novembre 19, 2010 21:26

    Conjugaison et syntaxe à chier de mon côté.

  11. novembre 21, 2010 14:56

    Avant toute chose, quelques petits commentaires sur un florilège deux extraits parmi les plus édifiants de ce billet très bien écrit, assez rigolo, mais, somme toute, pas très malin :

    « Il est grand temps que les vieux qui font ce taff depuis dix ans prennent leur retraite »…
    Il y a 10 ans, Djivan en avait 12 ; on est d’accord qu’il n’est pas en retard, car il a mené un projet de site collaboratif autour de ses sujets préférés (market, CM, RS …) à 22 ans, mais de là à lui prêter 10 ans d’expérience en CM…

    Du « vieux gauchiste limite coco » au « community Führer » en passant par les sous-entendus Orwelliens… A vouloir condenser les points Godwin en un seul billet, c’en devient un ramassis d’incompréhensibles inepties que les métaphores ne rendent pas digestes pour autant.

    Tu tires à boulet rouge sur les extrêmes qui étendraient leurs infâmes tentacules sur le 2.0, tout en perpétrant une paranoïa pathologique laquelle, historiquement, est la source de tous les extrêmes. (Horreur parano de l’autre, cet étranger, de l’entrepreneur qui a réussi, de l’artiste libre, de l’étudiant engagé, de la femme libérée, du citoyen politisé, etc.)

    A part l’optique d’un vulgaire racolage, je ne comprends pas bien l’intérêt de cet article, qui caricature voire dénature le 2.0.

    Dans la « vraie vie », il y a toujours les suiveurs et les suivis : ceux qui inspirent, et ceux qui s’en inspirent. Le Web 2 ne fait que relayer une tendance sociétale vieille comme le monde. La seule différence, c’est le média, qui est nouveau, et qui prête à chacun la possibilité d’emprunter le chemin du leadership, au terme d’un travail long et fastidieux pour gagner en crédibilité. (Cf les billets de Kriisiis où il raconte sa popularité naissante puis accomplie).

    Moi qui n’ai jamais eu le courage encore de lancer un blog et d’animer une communauté « pour de vrai », je serais plutôt incline à tirer mon chapeau à ceux et celles qui ont fini par s’assurer le crédit et la confiance de milliers de gens (comme Capucine de Babillages, comme Olympe du Plafond de verre, comme Nicolas de Partagez mon avis, comme Guy Birenbaum et ses chroniques, comme Matthieu Blanco et sa Revue Tech, et j’en passe).

    Là où, en revanche, je te rejoins, c’est dans la critique du logo : au-delà du fait qu’un oeuf roule et donc ne peut que descendre et pas monter (ce qui en dit long sur sa marge de manoeuvre et sa liberté), cette espèce de « régiment » d’oeufs, alignés en rangs d’oignons autour d’un oeuf « premium » qui se détache du lot, me dérange.

    Mais me m’indispose bien plus un billet qui associe un CM à un « community Führer » et un blogueur à un « SS »…

    Pourquoi n’avoir pas donné ton avis lorsque Djivan avait proposé à chacun de s’exprimer à ce sujet sur sa page Facebook ?

    [ Cf : http://www.facebook.com/CommunityManager.Pro?ref=ts ]

    J’aoute que les avis négatifs formant une belle unanimité, (Ronan Boussicaud avait notamment évoqué, lui aussi, un signe d’aliénation), Djivan s’est engagé à le reprendre et à en proposer un autre…

    Alors pour le Führer nazi_communiste qui se joue de l’ « indépendance et [du] sens de la propriété de la communauté », on repassera… non ?

    • 2goldfish permalink
      novembre 21, 2010 19:46

      En fait sur le Facebook de Mycommunitymanager, la première discussion critique du logo a été éffacée avant que je puisse participer, et la seconde, vers laquelle tu pointes, est arrivée après ce billet.

      Peu importe, tu m’as mal compris, je ne traite vraiment personne de nazi, de communiste ou de SS. Je satirise simplement gentiment les métaphores que de nombreux « community managers » développent pour vendre leur blog, leur bouquin ou eux même avec un bonheur… variable.

      Il y a des bonnes et des mauvaises pratiques dans ce métier. Publier des faux commentaires haineux sur un blog sous de fausses identités, par exemple, c’est plutôt dans les mauvaises. Tenter de comprendre les personne à qui on s’adresse, les textes qu’on lit, le contexte du site ou blog où on intervient, c’est plutôt dans les bonnes.

      • novembre 22, 2010 12:57

        « assez rigolo, mais, somme toute, pas très malin »

        c’est, somme toute, une assez bonne baseline.

      • grazia permalink
        novembre 22, 2010 22:08

        Tout est une histoire de symbolique !

  12. Oelita permalink
    novembre 22, 2010 12:08

    Suis Ok avec jyv, le fond est bon, le début est excellent, puis ça dérape en point godwin exprès, ce qui lui fait quand même perdre toute sa force, dommage.

    Klaragora, le 10 ans d’expérience ne s’adresse justement pas à Djivan, je crois ;-)

    • Baleine des sables permalink
      novembre 22, 2010 14:30

      Je ne pense pas que l’on puisse encore dire « Point Godwin » à la simple mention d’une référence nazie. A la base, le point godwin était là pour signaler le dérapage d’une conversation vers des avis extrêmes qui rompait tout dialogue. Ce qui était logique vu qu’il n’y a encore pas très longtemps, Hitler était un avatar du méchant absolu, qui fait perdre son humanité à la personne qui le soutien.

      Aujourd’hui, Hitler et ses petits nazis ont tellement été récupérés et recyclés par le cinéma et la pop culture qu’ils sont complètement décorrélés de cette « ancienne » image. Les abrutis qui envoient vraiment du racisme d’extrême droite premier degré sur le net, on les voit venir à 10km. Ca n’est pas le cas ici. La réutilisation des symboles nazis par 2GoldFish sert ici la satire. A mon sens, ça ne le décrédibilise pas du tout.

      (J’ai trouvé ça très drôle et je suis juif.)

      • novembre 22, 2010 17:36

        Merci pour cette précision.

        Trop de gens pensent que le simple fait de parler du nazisme ou d’Hitler implique inévitablement un point Godwin.

      • Oelita permalink
        novembre 22, 2010 18:18

        Une comparaison avec le nazisme au cours d’une discussion qui ne porte pas sur ce thème précis (le CM n’est pas une thématique de ce type) est un point Godwin. Quand c’est le point de départ de la discussion qui porte lui-même cette comparaison, on peut se demander si c’en est un, à la rigueur, mais oui, la simple mention d’une telle comparaison est le thème propre au Godwin (et non le racisme ou le fait qu’un abruti/troll prenne la parole).
        Comme le prouve d’ailleurs cette suite de discussion, puisqu’on ne parle pas du thème de l’article (le « nouveau » CM 2.0 s’éloigne-t’il de l’esprit communautaire de son origine d’il y a 10 ans et plus, pour devenir un outil de propagande marketing) mais de cette comparaison. Ce qui amoindrit donc la force de l’article, càd son fond. Ce que je trouve fort dommage.

      • 2goldfish permalink
        novembre 22, 2010 18:58

        Non, le fond de l’article, pour moi, ce n’était absolument pas ces platitudes sur le « CM 2.0 », « l’esprit communautaire », etc… C’est un fond de pacotille, j’aurais pu choisir n’importe quel sujet en fait.

        Ce dont l’article parle vraiment, c’est de ces métaphores qui prolifèrent en particulier dans le langage bidon de marketeux et qui souvent échappent à leur contrôle.

        Si la comparaison avec une organisation nazie colle avec votre stratégie, devez vous l’écarter pour ne pas choquer ou au contraire être suffisamment cynique pour reconnaître que les nazis étaient de très bon conquérants et que, métaphoriquement, vos objectifs sont similaires, même si vos méthodes sont moins violentes physiquement ? Serez vous assez cynique pour utiliser le choc du point godwin pour vendre votre stratégie?

      • novembre 22, 2010 22:03

        @baleine

        Oui, mais vous les Juifs, vous avez un humour bizarre.

      • Baleine des sables permalink
        novembre 23, 2010 00:59

        @Sar(a,i,o)h : oui. Surtout quand on sait à quel point les Juifs ont été hostiles avec le régime nazi.

  13. ­­­ permalink
    novembre 22, 2010 13:50

    C’est qui Djivan ?
    #osef

  14. novembre 22, 2010 21:46

    Toute référence au nazisme est-elle un point Godwin ?
    Ou bien certains irréductibles n’ont-ils toujours pas le cerveau cramé par cette règle naze ?

    Débatez.

    Hitler was right

  15. novembre 23, 2010 12:51

    Tous les CM devraient relire « Le Viol des foules par la propagande politique » de Tchakhotine… C’est clairement votre/notre métier

  16. milouse permalink
    novembre 28, 2010 13:11

    Glop,

    j’adore ce billet, bon je n’ai pas encore pris le temps de lire les très nombreuses réactions, mais je le ferais promis.

    Ce point du CM dictateur, que tu illustre avec emphase est un point que j’avais déjà identifier et partiellement traité dans un de mes chapitre de thèse.

    En effet , pas mal de CM, mais plus généralement, tous les manager de qq chose, imaginent avoir la maitrise, imaginent pouvoir contrôler ce qui est sous leurs ordres, or non seulement, c’est rarement le cas dans des organisations formelles, je veux dire avec un supérieur hiérarchique, mais alors sur le web n’y pensons même pas.

    Je dois dire que lorsque je vois une agence de comm, qui recrute un CM et exige qu’il est préférable d’avoir déjà une communauté à soi, je crois que l’on oublie l’essence même de la communauté….

    bref, j’ai bien rigolé, merci.

    ps : j’ai cru lire qq références à rennes ? Vous êtes en bretagne ?

    • milouse permalink
      novembre 28, 2010 13:19

      Correction :

      Je dois dire que lorsque je vois une agence de comm, qui recrute un CM et exige qu’il est préférable d’avoir déjà une communauté à soi, je crois que c’est surtout ne rien comprendre aux dynamiques communautaires

    • 2goldfish permalink
      novembre 28, 2010 14:17

      J’ai effectivement vécu à Rennes quelques années, mais j’avoue, je ne me rappelle pas y avoir fait référence ^^

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